Confinés mais ensemble - Chronique d’une période tourmentée #5

Jour 7

Vendredi 20 Mars - premier jour du printemps

La nuit a été difficile.
La première aussi rude depuis le début de tout ça.
Impossible de trouver le sommeil avant 1h du matin.
Réveil et sueurs froides 2h plus tôt.
Une image tourne en boucle dans ma tête.
Une image d’angoisse.
Mes garçons qui tombent du balcon.
Par dessus bord.
Et quand je la chasse elle reviens.
Comme un vilaine vision.
Je n’arrive pas à m’en défaire.
J’ouvre les yeux pour l’obliger à s’arrêter.
J’ai le vertige.
La peur au ventre.

Je me lève à pas de loup.
Je déteste être la seule éveillée dans le silence de la nuit.
J’ai l’impression que je ne me pourrais plus me rendormir.
J’attrape mes écouteurs.
Il faut que l’image s’en aille, vite.
Je ne peux plus supporter.
Des épisodes de Friends, voilà le remède à tout.
Du futile pour chasser les idées noires.
Les amours de Ross et Rachel.
Le caractère de Monica...
Je sombre à nouveau.

7h, des petits pas résonnent dans le couloir.
Mon petit grand arrive doucement.
Il se couche contre moi et on reste comme ça quelques minutes de plus.
7h15, on est tous les deux debout.

C’est comme ça ces derniers jours.
On se lève tous les deux tôt.
On commence la journée ensemble.
Tranquillement.

Le reste de la maison s’éveille une bonne heure plus tard.
Et la septième journée confinée démarre.


L’homme se met au travail très tôt.
Je profiterai de la pause de 15 minutes qu’il s’octroiera dans la matinée pour aller me laver enfin les cheveux.
Même si c’est en express, ça me délasse un peu.

On fait des petits exercices de graphisme, à la demande de Marius.
J’ai décidé de ne l’obliger à rien.
Il a le choix.
Selon son état de fatigue, d’excitation, on s’adapte.
Après tout il est encore si petit.

Et je dois avouer que sa maîtresse nous y aide bien.
Dans ses mails quotidiens de 9h, aucune pression.
Une suggestion par jour seulement.
Aujourd’hui: séance de gym avec playlist utilisée à l’école.

Marius préfère faire des courses de vélo sur le balcon et c’est bien aussi.

Pendant ce temps, j’écoute de la musique en essayant de me détendre.
Chanter, ça aide.


Les titres du jour:
(What a) Wonderful world - Sam Cooke (« But I Know that I love you! And I know that if you love me to, what a wonderful world thaïs would be! »)
Pretty Woman - Roy Orbison (à écouter en défilant tête haute, très haute!)

Aujourd’hui, on écoute pas les informations.
On se préserve.
Je me préserve.

Toute la journée j’ai eu comme un poids sur la poitrine.
La sensation de ne pas réussir à respirer totalement.
La peur au ventre.
Pour les miens, qui sont loins.

C’est le premier jour du printemps, et dans seulement deux petits jours, mon tout petit aura 2 ans.
Il ne sera pas le seul à fêter son anniversaire bizarrement cette année.
Je ne sais pas si nous recevrons son cadeau à temps, et ce n’est pas très grave.
Il l’aura plus tard.
Et comme je ne compte pas me rendre dans une grande surface pour acheter quoique ce soit, j’ai proposé à son grand frère et son papa de lui fabriquer un cadeau.
Des cadeaux faits mains, ensemble.
Quoi de plus précieux?
Pour ma part, ce sera avec mon crochet que je le gâterais.
On fera les fonds de placards pour faire un joli gâteau.
On utilisera les bougies des tiroirs.
Celles qui ont déjà brûlées pour son frère.
Je fouinerai dans mes sacs de décos et il aura sa petite fête mon doux joli.

Aujourd’hui je n’ai pas l’esprit clair et je fais le choix de faire un pause côté projets.

Je lance Netflix et je brode mon mois de mars...

Je découvre « Self Made: Inspired by the Life of Madam C. J. Walker  », mini série sortie aujourd’hui, qui raconte l’histoire vraie de la première femme afro-américaine millionnaire au début du XXème siècle.
Le rôle titre est tenu par Octavia Spencer, flamboyante et déterminée (je suis totalement fan depuis « La Couleur des Sentiments »), la succession story est captivante, la BO est dingue et les décors et les costumes sont sublimes.
Je tombe sous le charme, littéralement.
Et je vous, la conseille vraiment.

La sieste est de courte durée.
L’angoisse sourde est toujours là.

La cage thoracique oppressée, la gorge serrée.

On sort sur le balcon prendre l’air encore.
Je lance la musique et la voix de Pomme raisonne.
Les larmes roulent, roulent, roulent, comme un soulagement.


« Pourquoi tu pleures maman? Tu veux ton papa et ta maman? »
Et ma sœur, et les miens, et les copains,...
Le coup de cafard de six heure et quart.

On rentre, ils ont froid, moi aussi.
C’est l’heure du dessin animé.
J’appelle ma maman.

19h45, notre premier apéro visio.
Le premier de notre vie, avec les amis toulousains.
On va y prendre goût à mon avis.
On les voit, on sourit.
J’ai envie de pleurer mais je n’en fait rien.
Je paierai cher pour retrouver nos soirées dans leur salon.
Éloignement, confinement,...

20h, on les amène virtuellement applaudir et faire du bruit avec nous sur le balcon.
Le bruit s’intensifie de jour en jour.
Les jours passes et des sons s’ajoutent.
De la musique, des casseroles,...
Sur plusieurs balcons de l’immeuble d’en face dansent des lampes torches.
On répond aux signaux avec les lampes de nos téléphones.

Il est l’heure de coucher les petits, notre apéro continuera après,...

Ici, tout le monde va bien.
Aucune fièvre à déplorer, pas de toux (si ce n’est celle plutôt chronique de mon époux que je surveille de près), nous sommes chanceux...

Tout les jours, quand la nuit tombe, j’envoie notre photo de famille du jour à nos très proches, comme une lumière dans la nuit.


Commentaires

  1. bravo pour votre description de vos émotions et de votre vie quotidienne confinée en famille ! courage, courage
    on est tous là chacun chez soi, chacun pour soi et pour les autres! bises à tous les 4

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