Confinés mais ensemble - Chronique d’une période tourmentée #12

Jour 16

Dimanche 29 Mars

5h
Je suis réveillée pas le silence au côté de moi. Par le vide dans le noir.
Je le cherche à taton.
Réveil en sursaut.
Je suis seule dans le lit.
J’entends comme un discussion.
Je suis encore à moitié endormie, un peu dans le brouillard.
Je sors d’un cauchemar pas vraiment amusant.
Je me lève pour m’assurer que tout va bien.
En une fraction de seconde, j’imagine que le virus ennemi a fait sont entrée sournoisement dans la nuit.
Il va bien, il n’arrive juste plus à trouver le sommeil.
Je respire et tente de retourner me coucher. 
C’est à mon tour de chercher à me rendormir sans y parvenir.
Je me répète qu’il faut que je dorme.
Et plus je me me répète, moins je sombre.
Évidemment.

Je grappille quand même quelques heures de sommeil de plus et comme souvent, j’utilise un épisode de Friends pour me détendre...

La matinée est douce et me laisse le temps de broder et de laisser mes pensées vagabonder.
Et de regretter notre maison, encore...

Ce qui me manque le plus...les fleurs dans les mains de mon fils.
Celles que je déposai délicatement dans un verre d’eau sur le plan de travail de la cuisine.
Ici, pas de fleurs, pas de vase improvisé au coin de l’évier, pas de pissenlits qui vivotent encore quelques jours et qui me rappellent sa facon bien à lui de me parler d’amour.

J’ai passé ma journée à broder.
Je n’ai même pas levé le petit doigt pour préparer le repas.
Ça fait un bien fou cette journée pour moi dans le confinement.
Sans l’avoir demandée, juste parce que ça s’est fait comme ça...


(D’ailleurs, si vous voulez rejoindre le mouvement, vous pouvez toujours télécharger les modèles ici et !)

J’apprends aussi une bien douce nouvelle.
La vie qui jaillit.
Une petite fille venue au monde.
Je suis émue aux larmes...

En fin de matinée, monsieur papa est descendu au sous sol pour vérifier que notre voiture était toujours là et pour prendre des mesures pour pouvoir accueillir bientôt notre van dans les meilleurs conditions.
Marius l’a suivi avec son vélo pour faire quelques tours de parking.
En revenant à l’appartement, mon petit garçon semble ailleurs.
Toujours perché sur son vélo.
Et tout à coup, il a levé ses grands yeux brillants de toutes les couleurs vers moi, sa petite bouche prend le chemin inverse du sourire et il me dit « c’est trop tard maman, j’ai touché les boutons de l’ascenseur, j’ai la maladie... » et ses sanglots explosent dans tout le salon.
Je n’avais pas mesuré son angoisse de tout ça jusque là.
Je pensais naïvement qu’il avait compris l’idée générale mais que l’information était digérée.
Et pourtant je le connais lui qui semble suivre mon chemin...
Il était terrorisé.
Je l’ai bien entendu rassuré, il s’est lavé les mains fébrile.
J’ai ré expliqué les règles de base.
Je lui ai aussi dit que, pour le moment, cette maladie n’était pas dangereuse pour les enfants.
On décuple les câlins, les mots doux et on se colle comme j’aime pour faire partir l’angoisse tapie dans un coin.


20h arrive, désormais, il fera encore jour...
Je sors avec ma cuillère en bois, bien trop pressée de savoir si ceux qui crient et applaudissent avec moi à la même heure seront au rendez vous malgré la clarté.
Bien trop pressée d’apercevoir de loin leurs yeux et leurs visages.
Bien trop pressée de ce rendez vous.

Je sors sur mon balcon et je les vois.
Au début c’est timide, j’ai l’impression qu’il y a moins de bruit.
Puis j’aperçois leurs yeux, leurs visages, leurs mains qui frappent fort.

On échange des sourires, certains agitent leur mains vers nous.
Le couple de personnes âgées qui nous surplombent, la future maman et son petit garçon, un peu plus bas.

C’est fort, c’est sincère.
On est heureux de se voir pour la première fois.

Dans les jours qui viennent, nous fabriquerons des banderoles pour leur dire en couleur que « ca va bien aller ».


Jour 17

Lundi 30 Mars

La nuit a été tranquille.

Première journée de notre troisième semaine de confinement.

Je suis à nouveau accaparée par les enfants, mon époux retourne au travail dans la chambre d’amis.
Il sort de temps en temps.
Et c’est une vraie joie de le savoir si près.

Pour le moment, ce confinement nous fait du bien, nous qui avions du mal à nous remettre en phase ces derniers mois. Nous qui nous étions un peu perdus dans le tourbillon de ce que l’on vient de vivre. Perdus mais jamais lâchés.
On discute, on partage.
Le ton ne monte quasiment plus, étrangement.
Quand on nous connaît, c’est une vraie performance.

La vie est douce quand on est ensemble vraiment.

J’ai du mal à lancer la journée.
Les garçons jouent (ce qui implique de renverser tous les coussins du salon en monticule sur le sol et de se vautrer dedans...), et moi j’appelle ma maman. On fait des projets de pulls, gilets et autres robe tricotée (la Aime comme Minsk m’a tapée dans l’œil, et on rêve du Gilet Simone depuis longtemps) sans savoir si nous pourrons avoir la laine.
Mais c’est pas grave, on adore ça.
Il a neigé chez elle ce matin.
Mais on est trop loin pour voir ça...


Je lance « l’ école à la maison » tard dans la matinée mais Marius est volontaire.
Il est fier de réussir les petits exercices que je lui donne.
Et je suis fière aussi de le voir s’appliquer autant, malgré le chahut de Martin qui n’est jamais bien loin.
C’est un peu compliqué à gérer, lui aussi voudrait bien travailler, et, même si je lui donne de quoi dessiner, il se lasse vite et préfèrerai colorier les fiches de son grand frère.
C’est aussi une des raisons pour lesquelles la session « activité scolaire » ne dure pas bien longtemps...
Mais au final, ça convient à tout le monde je crois.

A midi, pâtes pour tout le monde.
Pas de grande cuisine.

On couche les garçons.
Avant de m’installer pour travailler, j’étends une machine, j’en lance une autre, on range la table, la cuisine. Je change les draps du lit.

Je m’ouvre un coca (ouais je sais je sais, c’est pas bien, mais là voyez...), je m’assoie toute heureuse de m’y mettre, et là...des petits pas dans le couloir...
Mon Marius ne dort toujours pas, il s’effondre quand je lui demande d’essayer cède dormir.
 « La couverture est trop lourde maman, s’il te plait... »
Je ne résiste pas à son chagrin.
Je lui permet de rester avec moi.

Et du coup, c’est moi qui m’effondre.
Les larmes roulent, roulent, roulent,...
Je m’en veux de réagir comme ça, mais j’accueille se sentiment qui m’envahi.
Je suis déçue de ne pas pouvoir avancer sur mes projets comme je le voudrais.
Ca ira probablement mieux demain.
J’arrive tout de même à terminer ce que je voulais, en échange d’un dessin animé.

L’heure du goûter s’en vient, tout le monde dehors!
Musique, rangement de la terrasse, pas de danse et jeux pour les garçons.
On les oblige à sortir prendre l’air, sinon ils resteraient en jouer dans le couloir (appelé par Marius « la salle de jeux »).

Le quartier est désert.
On regarde passer les goélands/gabians.

Le froid tombe un peu, on retourne à l’intérieur en attendant 20h.

Ce soir encore, les voisins sont au rendez vous et le petit garçons d’hier est la lui aussi.
Il agite sa petite main et nous envoie des sourires tout plein...






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