Confinés mais ensemble - Chronique d’une période tourmentée #18

Jour 31

Lundi 13 Avril

Ce matin, je me lève en dernier.
C’est tellement inhabituel que j’ai la sensation d’avoir rêvé.

Aujourd’hui, la joie d’hier fait place à la mélancolie et au manque.
Le manque des miens.
Dès le premier jour de confinement, la tentation a été grande de charger tout notre petit monde dans une voiture et de faire les 5h de route qui nous séparent de nos familles pour se confiner chez l’un de nos parents.
La tentation a été immense même.
Et puis nous avons préféré être raisonnables.
Nous pouvions être porteurs et les contaminer.
Nous pouvions être dangereux pour eux.
Alors nous sommes restés.
Restés dans cet appartement qui n’est notre chez nous que depuis quelques mois.
Nous ne nous plaignons de rien.
Il est spacieux, on voit la mer au loin et le balcon est immense.
Il y a des conditions bien pire.
Il n’empêche que ce matin, la tentation revient.

Ce confinement va durer, ce n’est plus un secret.

La tentation revient mais je la balaie d’un revers de la main.
Nous resterons là.
Il faut tenir bon.

Pour ne rien vous cacher, si nous avions pu, nous serions allés nous confiner chez ma soeur dès le départ.
Oui mais voila, ma soeur vit en « zone blanche »: pas/peu de réseau, pas d’internet.
Et nous devons continuer à travailler.
Mathieu surtout qui est en télétravail et participe à plusieurs réunions par jours.
C’était donc impossible.

Nos 4 parents ont tous plus de 60 ans: hors de question de leur faire prendre des risques.

Nous resterons donc là.
Jusqu’à nouvel ordre.


Mais aujourd’hui je sais ce que je ferais quand tout ça sera terminé: j’irais vite vite vite rejoindre le creux des miens.
Le plus vite possible.

Mais il faut être courageuse et ne pas flancher.
Maintenir une ambiance apaisée à la maison pour que tout le monde traverse cette période le plus sereinement possible.

Et puis mon téléphone sonne.

C’est l’une de mes voisines à qui j’avais laissé mon numéro au cas ou le premier jour du confinement.


Hier, les enfants et moi avons été accrocher quelques chocolats dans des sachets sur les portes de nos voisins.
C’est Marius qui a assuré la mission.
Nous avons pioché dans leur récolte du matin parce que c’est important de partager.

Ce matin donc, mon téléphone a sonné.
C’est Danièle et elle veut nous dire merci.

Elle a l’âge d’être ma grand mère et elle vit avec son mari.

Elle n’y voit pas bien, elle me l’avait dit.

Elle me téléphone pour nous dire merci et me demande si elle peut venir déposer « un petit quelque chose » aux enfants.

Une heure plus tard, on sonne à la porte.
C’est elle, les bras chargés de chocolats pour « les petits ».

Elle se baisse vers eux puis se souvient.
« Je ne m’approche pas, non il ne faut pas que je m’approche. »

Elle est émue, je la rassure d’un sourire.

Elle les trouve beaux, elle nous parle de sa petite fille de 9 mois.

Elle veut nous dire qu’elle est heureuse d’avoir de nouveaux voisins gentils.
Mais elle n’y arrive pas.
Elle nous dit ne pas trouver les mots.

Je lui demande s’ils vont bien avec tout ça.
Elle me répond que ca va mais qu’ils commencent à avoir peur, à s’inquiéter.

Je lui souri et je lui dit que nous sommes là si besoin, qu’il ne faut pas qu’elle hésite.
Elle nous dit merci et elle file.

Sur notre paillasson, il y a autre chose que nous n’avions pas remarqué: 4 petits lapins en chocolat attendent patiemment dans leur boite.
Ce sont les voisins de l’autre coté du tiroir qui eux aussi ont tenu à remercier les enfants pour leur attention.

Je suis émue aux larmes.
Tellement émue de cette gentillesse.

Ma famille me manque, mais mon coeur est réconforté de savoir que je suis si bien entourée dans mon troisième étage marseillais.


Je me suis levée mélancolique et comme souvent, la vie nous envoie du joli qu’il suffit d’accueillir pour se sentir un peu mieux.

J’ouvre mes mails, et là encore j’y trouve une bien jolie nouvelle qui me font pousser un petit cri de joie. Je danse un peu dans mon couloir.
Le projet que je travaille se façonne d’une bien jolie façon et je suis tellement bien accompagnée et entourée.
Ce truc là, dont je ne vous parle pas encore, me porte de façon incroyable.
Et c’est aussi l’une des chose qui m’aide à traverser tout ça.

Marius refuse de dormir cet après midi.
Il y a des jours avec sieste et d’autres sans pour lui.

On regarde un énième documentaire sur des familles qui quittent tout pour partir sur les routes du monde.
Et plus les jours de confinement passent, plus ce rêve devient un objectif.
C’est une période nous en dit long sur nous même.
Il faut juste apprendre à l’écouter.
Nous on apprends à vivre tous les 4.
Sans autre « distraction » que nous.
Les garçons apprennent à se suffire à eux même.
Et c’est joli a voir.
Même si ce n’est pas toujours simple!

Après le goûter, je me lance dans la couture de la robe que j’ai coupée dans mon coupon de Liberty il y a plusieurs jours.
J’y vais mais j’ai peur.
Et, après quelques suées et un boulette, je suis contente du résultat.
Je vous montrerai ça demain, c’est promis.

Après les applaudissements, c’est l’heure d’écouter le président.
L’annonce tombe.
1 mois de plus.
On s’en doutait tellement que la déception n’est pas si grande.

Seule la tristesse de savoir que nous ne verrons pas les notre avant encore longtemps subsiste...



Commentaires

  1. bonjour
    c'est bien écrit mais c'est toujours un peu triste pour autant il y a plein de bonnes nouvelles chez vous! allez il ne reste que quelques 4 semaines ça va passé vite ! bonne journée

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