Confinés mais ensemble - Chronique d’une période tourmentée #29
Jour 55
Samedi 9 Mai
Aujourd’hui, le temps s’est étiré doucement.
Entre les jeux d’eau sur le balcon, mon tambour à broder et le bruit des mouettes au loin.
Le soleil ne se montrera pas, c’est comme ça...
Il fait même a nouveau froid dehors.
De mon côté, une pointe dans le dos me gène depuis le réveil.
Je n’arrive pas à détecter exactement d’où peuvent provenir ces « coups de poignard » mais ça ne me quitte pas...
Je reste penchée sur mon tambour une grande partie de la journée.
Les garçons jouent, dorment, goûtent, se chamaillent...
Vers 19h, Mathieu décide d’attaquer la peinture du mur de mon atelier/chambre d’amis.
Soit! Qu’il en soit ainsi!
En 30 minutes la première couche est passée.
La couleur est belle, comme je l’avais imaginée.
Demain je rangerai cette pièce qui sert encore un peu trop le débarras de l’appartement.
Il nous reste 3 cartons à vider.
Ca aussi je le ferais demain.
J’en ai assez de les voir traîner.
Je trouverai des solutions.
Mais on verra ça demain...
Là tout de suite, j’ai juste envie de m’asseoir.
De m’affaler même.
Pour le repas ce sera nachos, guacamole et saucisson...
Ne cherchez pas de logique dans ce « menu ».
Il n’y en a pas.
Si ce n’est la flemme de se cuisiner quelque chose et le bonheur régressif de grignoter des cochonneries en regardant un film.
On fait souvent ça en amoureux et je crois que je pourrais faire ça tous les soirs.
En discutant, on arrive à un constat dont nous prenons totalement conscience: depuis plusieurs jours et même semaines, les colères fulgurantes de Marius se sont estompées et ont même disparues.
Il est beaucoup plus réceptif, plus à l’écoute.
Il arrive désormais à verbaliser quand il sent qu’il n’arrive pas à se calmer.
Il ne fait plus de grosses colères tourbillonnantes qui nous désarment complètement.
Pour l’instant en tout cas.
Oserai je penser que c’est grâce à ce confinement au final.
Que c’est parce que nous sommes la tous ensemble tout le temps ou presque et qu’il est de ce fait apaisé?
Que c’est parce que nous aussi, à cause/grâce à cette situation inédite, nous avons changé, évolué et sommes encore plus attentif et patients??
Je n’en sais rien du tout.
Absolument rien.
Mais en tout cas, les faits sont bien là.
Nous avons commencé à lui expliquer qu’il ne retournerait pas à l’école avant encore longtemps.
Il a accueilli la nouvelle avec un grand enthousiasme.
La liberté encore pour un temps...
Mais nous lui avons expliqué aussi que, quand sonnera l’heure du retour sur les bancs des classes, il ne serait plus un « moyen » mais un « grand » et qu’il changerait a nouveau de classe et de maîtresse.
Un voile de tristesse et de panique est passé devant ses grands yeux multicolores.
Il a serré ses doudous qui ne sont jamais loin.
On l’a rassuré, on lui a dit qu’il avait encore bien le temps.
Il a compté avec nous.
Presque 4 mois encore.
4 mois...
De m’affaler même.
Pour le repas ce sera nachos, guacamole et saucisson...
Ne cherchez pas de logique dans ce « menu ».
Il n’y en a pas.
Si ce n’est la flemme de se cuisiner quelque chose et le bonheur régressif de grignoter des cochonneries en regardant un film.
On fait souvent ça en amoureux et je crois que je pourrais faire ça tous les soirs.
En discutant, on arrive à un constat dont nous prenons totalement conscience: depuis plusieurs jours et même semaines, les colères fulgurantes de Marius se sont estompées et ont même disparues.
Il est beaucoup plus réceptif, plus à l’écoute.
Il arrive désormais à verbaliser quand il sent qu’il n’arrive pas à se calmer.
Il ne fait plus de grosses colères tourbillonnantes qui nous désarment complètement.
Pour l’instant en tout cas.
Oserai je penser que c’est grâce à ce confinement au final.
Que c’est parce que nous sommes la tous ensemble tout le temps ou presque et qu’il est de ce fait apaisé?
Que c’est parce que nous aussi, à cause/grâce à cette situation inédite, nous avons changé, évolué et sommes encore plus attentif et patients??
Je n’en sais rien du tout.
Absolument rien.
Mais en tout cas, les faits sont bien là.
Nous avons commencé à lui expliquer qu’il ne retournerait pas à l’école avant encore longtemps.
Il a accueilli la nouvelle avec un grand enthousiasme.
La liberté encore pour un temps...
Mais nous lui avons expliqué aussi que, quand sonnera l’heure du retour sur les bancs des classes, il ne serait plus un « moyen » mais un « grand » et qu’il changerait a nouveau de classe et de maîtresse.
Un voile de tristesse et de panique est passé devant ses grands yeux multicolores.
Il a serré ses doudous qui ne sont jamais loin.
On l’a rassuré, on lui a dit qu’il avait encore bien le temps.
Il a compté avec nous.
Presque 4 mois encore.
4 mois...
Jour 56
Dimanche 10 Mai
Le ciel est gris et ça n’aide pas à traverser cette journée maussade.
Je me lève avec une angoisse.
Celle du lendemain.
Nous venons de passer 56 jours confinés, juste nous 4.
Nous avons été extrêmement prudents.
Sur ces 56 jours, les garçons ne sont sortis que 6 fois et moi pas beaucoup plus.
Nous n’avons pas voulut jouer avec le feu.
Nous sommes restés bien sagement chez nous.
Pour nous protéger et protéger les autres.
Nous avons fait avec ce que l’on avait et c’était très bien comme ça.
Nous avons construit des cabanes, un petit marché et un château en carton, nous avons fêté des anniversaires de loin, fabriqué des cadeaux, envoyé des colis et des photos tous les soirs.
Les garçons ont poussé comme des champignons, plus aucun pantalon n’est à leur taille.
Ca n’est pas bien grave puisque les beaux jours devraient arriver...
J’ai brodé, cousu, crocheté, avancé...
J’ai même réussi à lire 2 romans et à vous écrire ici tous les soirs.
J’ai partagé avec vous comme jamais.
J’ai pris des bains et j’ai définitivement abandonné les soutiens gorges.
Je suis partie à ma rencontre aussi, un peu plus.
J’ai écouté mon corps, j’ai essayé d’en prendre un peu plus soin, mais il y a encore du chemin.
Nous avons tiré des plans sur la comète, bu des apéros en amoureux et aussi avec les copains par écrans interposés.
Nous n’avons pas fait de pain, ni cousu de masque d’ailleurs...
Mais on a pris le temps de regarder naître nos abeilles, de danser dans la cuisine, d’écouter de la musique, de se créer des souvenirs...
Cette parenthèse était tellement forte.
Tellement bouleversante.
Nous avons été chercher loin, dans nos tréfonds pour s’adapter, s’habituer...
Et devinez quoi?
On s’habitue à tout!
Et à l’heure où les gens semblent avoir envie de fêter demain, à moi, il me fait peur.
D’ailleurs, ces « célébrations » me donnent envie de hurler.
De hurler parce que dehors ce n’est pas finit, parce que j’ai la crainte que tous reprennent leurs habitudes d’avant en ne souciant plus de rien.
Je dois avouer que je n’ai pas confiance...
Dans notre quartier, il y a du monde dans les rues depuis plusieurs jours déjà, avec ou sans masques, la vie semble reprendre son cours, comme avant...
Syndrome de la cabane vous dites?
Sûrement.
Une cabane...
En lisant cet article sur le sujet, je me suis souvenue que la première chose que nous avions faite, le premier jour du confinement, avant que ce soit dans l’air du temps, avant que tout le monde cherche à « occuper » ses enfants, c’était une cabane dans le salon.
Vous vous souvenez?
Et en laissant mon esprit vagabonder, j’ai repensé à ma soeur et moi, enfants, sous la table de la salle à manger...
Nous nous enroulions dans des châles et des couvertures et, avec nos poupons, bien couverts eux aussi, nous jouions à la tempête...
La tempête dehors et nous, protégées et protégeant nos « bébés » en leur tenant chaud.
Nous adorions ça, jouer à la tempête. Jouer à se protéger et se sentir en sécurité.
Et, à la seule évocation de ce souvenir, je ressens au creux de mon ventre cette excitation mêlée de peur feinte et de bien être qui nous envahissait.
Aujourd’hui, je crois bien que la « tempête » du dehors me donne envie de me recroqueviller dans notre cabane, mes petits contre moi, emmitouflés sous des couvertures de tendresse.
Vous l’avez peut être, ici rien ne va changer, jusqu’à nouvel ordre.
Le télétravail continue, les journées tous les quatre aussi.
Pour l’instant en tout cas.
Nous sortirons peut être un peu plus.
Sûrement même.
Mais différemment.
Différemment d’avant tout ça.
Avec des masques et des précautions, en évitant le monde qui va sans aucun doute venir s’agglutiner face à la mer dès les prochains rayons du soleil.
Nous irons peut être dans la campagne, en s’éloignant de la ville de quelques kilomètre, solitaires.
En attendant le jour où nous pourrons retrouver les nôtres, qui nous manquent tant.
Le jour où les 100 km à la ronde ne seront plus un obstacle.
Ici, demain, rien ne va changer.
Pour l’instant...
Il pleut fort dehors...
Les enfants jouent sur le sol de la cuisine...
Je les regarde.
Tout est calme...
20h arrive plus vite que je ne le pensais.
Dehors il y a un vacarme de tous les diable.
Plus fort que d’habitude.
Les Klaxons, les cornes de brume, les sifflets et les sonos sont de sortie.
Je sors, comme tous les soirs.
Mon voisin me salue, je lui rend son signe de la main et son sourire.
Je chante « Et demain » avec les gens de l’immeuble d’en face.
Ils agitent leurs mains vers nous.
On agite les nôtres vers eux.
L’émotion me monte aux yeux...
Et demain?
Cette « communion » perdurera t elle?
Et demain, les gens seront ils plus solidaires?
Je n’ai pas de réponse.
Je ne peux qu’espérer...
Et cette chronique alors?
Elle s’arrête ce soir?
Je dois vous confier que j’hésite...
Prendront elles une nouvelle forme?
Je ne sais pas...
Elles étaient ma bulle aussi...
Un rendez vous...avec vous.
Moi, j’ai bien envie de me dire que ce n’est pas une fin mais le début d’autre chose...
Qu’en pensez vous vous?
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