Confinés mais ensemble - Chronique d’une période tourmentée #2


Jour 5

Mardi 17 Mars

Nous nous sommes levés aux aurores.
Mathieu part en voiture avec sa maman pour la raccompagner chez elle.
Je me rassure en me disant qu’ils ne croiseront personne et qu’il sera de retour dans l’après midi.
J’ai réellement la sensation d’être dans un film.
J’ai toujours beaucoup aimé ceux qui traitent de la seconde guerre mondiale, et j’ai l’impression d’y être.
Mais je décide de me souvenir que, quand les premières mesures de confinement ont été annoncées, j’ai accueilli la nouvelle avec douceur et sans peur.
J’y ai tout de suite trouvé des avantages.
Je pourrais couver mes petits, les protéger au mieux, j’en serai seule responsable, avec leur papa.
Aucun autre adulte n’interviendra dans leur quotidien, loin de nos yeux.
C’est idiot, en temps normal je n’ai aucun problème à laisser mes enfants sous la responsabilité d’un autre adulte (que je connais évidemment). J’ai confiance.
Et puis, ce confinement va faire naître de beaux souvenirs, j’en suis sûre.
L’instant d’après je pense à ma maman, seule chez elle. Elle est jeune et en bonne santé, mais je sais ses angoisses et j’aimerai qu’elle soit avec nous.
Mon papa aussi est seul chez lui.
Je prendrais des nouvelles plusieurs fois par jour, on fera des appels en visio, on se remontera le moral voila tout.
Ici, rien n’est encore structuré.
Pas de planning, de journée type, d’emploi du temps...


Je crois que je m’étais dit que ça ne serait jamais que comme un mercredi ou des journées de vacances, que j’allais les gérer un jour après l’autre.
Mais je me rends compte que si je ne « structure » pas un minimum nos journées, notre quotidien va rapidement tomber dans le chaos.
Ce matin je tâtonne et je propose au garçons de participer au réveil du corps en famille que propose Christelle sur sa chaîne YouTube tous les jours à 9h.
Ils sont enthousiastes...2 minutes et ça vire au pugilat.
Le grand tente de faire des roulades sur le carrelage et le petit essai de lui sauter dessus en même temps. Ça cri (surtout moi), je me fâche et j’arrête tout.
Je suis triste et nerveuse.
Ils filent jouer dans leur chambre et dans ce que mon grand appelle « la salle de jeux » (comprenez le couloir).
C’est le calme, pendant un « long » moment (15 minutes à tout casser, mais c’est déjà beaucoup).
J’en profite pour me doucher rapidement.
Faudrait voir à pas se laisser aller non plus!
J’habille les garçons dans la foulée, la journée peut continuer.
Marius envoie le premier mail de toute sa vie à Maud, sa correspondante.
Il est fier et cette idée d’échanges entre enfants confinés est formidable (#lachainedenino sur les réseaux et tous les détails chez @sophiefevrier )
L’heure du déjeuner approche et mon grand réclame des épinards à mon grand étonnement.
On mange dans le calme et ça me remet du baume au coeur.
Je décide de ne pas laisser la peur gagner.
On mangera des glaces pour le dessert, un point c’est tout!


Déguisé en dragon c’est encore mieux, pas vrai?
On met la musique et on danse dans la cuisine.
On danse et on rit.
D’ailleurs je pense que je vais commencer une playlist de confinement...
Les chansons du jours (et j’assume à 200%), si ça peut vous inspirer:
Envole moi du grand Jean Jacques
Chanson sur ma drôle de vie de Veronique Sanson (mais ca vous le savez déjà non?)
Je décide de rire avec mes petits et de voir le verre à moitié plein.
Même si je sais que j’oscillerai encore un moment l’optimisme et l’angoisse.
Ils font tomber de la glace partout.
On s’en fiche.
Je nettoierai plus tard.
Pour l’instant on danse.


La sieste (encore longue chez nous ce qui est vraiment très très confortable) nous permet d’avancer sur notre travail respectif.
On essai de se concentrer, d’avancer le plus possible pour pouvoir être dispo après, quand ils seront levés.
J’entends des pas dans le couloir...
Je décide de leur proposer une activité manuelle pour égayer un peu nos futurs moments d ‘« école à la maison ».
Je me suis souvenue qu’il restait une planche sur le balcon et un fond de verni colle.
Je sors ma valise magique, remplie de papier glanés ici ou là.
On découpe, on déchire et on colle.
On recouvre le moindre centimètre carré.
Nous voilà en possession d’un beau panneau d’affichage coloré et unique.
On déplace les meubles.
La maîtresse de Marius donne signe de vie.
Un sms nous demandant de lui écrire sur une adresse mail dédiée.
Il va falloir s’y mettre.
On installe le bureau des enfants, mon petit tableau d’enfant.
On découpe les jours de la semaine, les chiffre, les mois.
On essai d’inventer des rituels nouveaux pour que tout ça se déroule le plus calmement possible.
Nous sommes prêts pour demain.
On commencera en douceur en attendant plus d’instructions de la maîtresse.
La journée se termine dans le calme.
Le bain, les douches, les pyjamas, l’histoire, le sommeil...

Demain, nous iront applaudir sur notre balcon, à 20h ils ont dit, pour soutenir les soignants et ceux qui sont réquisitionnés pour que notre quotidien ne change pas totalement...




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