Confinés mais ensemble - Chronique d’une période tourmentée #3

Jour 5

Mercredi 18 Mars 

Au réveil une réalité m’assaille.
Une réalité heureuse, une réalité douce, une réalité forte.
Elle me saute au visage.
Pour une fois, une toute première fois nous somme maîtres du temps.
Maîtres de notre quotidien.
Sans contrainte horaire, sans sentiment d’obligation quelconque.
Nous sommes tous dans nos foyers, sans pouvoir sortir.
Personne ne viendra édicter sa loi. 
Juste nous.
Et je trouve ça très précieux en réalité.

Parce qu’il faut bien l’avouer, même quand nous sommes en vacances, en voyage, en « liberté » on a toujours tendance à s’inventer des contraintes: « on va quand même aller visiter ça, on est juste à côté ce serait trop bête de le rater non? », « oui bon on est en week end mais ce serait bien qu’on sorte non? », « On bouge? ».

Mais là, point de vadrouille prétextée, juste nous, et notre chez nous.

Je pose les pieds sur ma descente de lit rose tendre et je me sens l’âme d’une conquérante.
Je balaie les idées noires d’un revers de la main.
L’appartement se réveille doucement, à l’unisson.
Tout le monde est reposé.
Comme il faut.

Le télétravail commence pour mon époux, tandis que je fais déjeuner les enfants.
Café Latté pour tout le monde!


Je reçois le premier mail de la maîtresse de mon grand.
Étonnamment, il est doux et sans pression.
Elle nous proposera tous les jours des pistes à explorer avec nos enfants.
Je partage avec vous la piste de jour:
Faire faire un dessin à notre enfant, lui demander de nous raconter et écrire ses mots sur un coin de la feuille.
Fastoche pas vrai?
On travaille la graphie, l’imagination, le vocabulaire,...
Je lui suis reconnaissante de nous pas nous surcharger.
Plus facile en moyenne section me diront les parents d’enfants plus grands, et ils auront raison.
Mais je savoure ma chance sur ce coup la.

« Jouer à la classe » amuse beaucoup Marius qui s’est pointé au petit bureau avec son cartable en me lançant un « bonjour maîtresse! » enjoué.

Là où ça se complique c’est quand il s’agit de gérer son petit frère qui veut lui aussi participer en gribouillant sur le travail du grand.
L’époux arrive à la rescousse et se fait immédiatement nommer « maître des tout petits » par Marius qui lui désigne l’espace salon comme sa salle de classe.

C’est l’heure de la récré.
Tout le monde sur le balcon.

(Nous avons la chance d’avoir un immense balcon ici, sur lequel les garçons peuvent faire du vélo et moult acrobaties, mais je ne peux m’empêcher de regretter encore plus amèrement ma maison si jolie et son jardin. Ça me rend maussade et ça ne changera rien, mais j’en viens à me convaincre que le confinement aurait été sûrement plus doux dans notre chez nous... C’est inutile, je sais bien...)

C’est à mon tour de travailler.

Mais, même si la prise de relai est effective, les « rôles » ont la vie dure et mes petits viennent sans cesse me couper.
Pour les jours prochains, il faudra sûrement trouver un moyen pour que je puisse me concentrer à un autre moment que pendant la sieste (qui nous sauve quand même énormément la mise).

On fait résonner la musique dehors.
Les enfants dansent et nos têtes dodelinent.
(D’ailleurs, j’ai décidé de compiler les suggestion musicales - kitch ou non - que je vous ferai ici dans une playlist Deezer intitulée « Confinés mais joyeux » que vous n’aurez sans doute pas de mal à trouver).

Les chansons du jour donc:
- la sacro sainte Lambada
- Golden Nugget by The Firehouse Charleston Band 
Et puis...vous n’êtes pas prêts...
- Darlin’ de Rock Voisine (à écouter à fond les ballon en dansant un « rock lent » comme le suggèrerai très certainement ma maman. Ca m’a tellement donné envie de danser avec elle comme on le fait parfois)
Et le clou du spectacle mesdames et messieurs...
- Quand je t’aime de Demis Roussos (à chanter très fort en utilisant ce que l’on a sous la main En guise micro)

Après le repas, une nouvelle lubie me passe par la tête: nous allons nous prendre en photo tous les 4 tous les jours.
 Installation de guingois faite (empilement de chaise bancales, oui, non, on a toujours pas de pied pour l’appareil. Alors dans ces moments là on fait toujours une prière pour que l’appareil ne tombe pas), nous voila installés.
L’époux n’aimant pas être exposé sur la toile, on en fait une tous les 4 et au moment de prendre celle sans lui...crise.
Les enfants ne restent plus en place, Marius pleure, Martin cri...
On verra ça plus tard.

La sieste a été longue aujourd’hui, assez pour bien avancer.
Mais voilà une autre dérive du travail à la maison: on a du mal à s'arrêter!

Dans l’après midi, les larmes me surprennent.
Je suis en train de papoter avec mes copines et tout d’un coup j’entends leurs rires dans ma tête, ça raisonne fort. Le son de leurs voix, de nos discussions. La voix douce de Pauline, le rire sonore d’Inès...
Et les larmes roulent roulent roulent sur mes joues, sans que je parvienne à les arrêter.
L’instant d’après on se raconte des bêtises et ça passe un peu.

Je fais des crêpes pour le goûter, vite fait bien fait, pour entretenir les kilos que l’on va sûrement tous prendre en étant confinés (en tout cas nous c’est certain!).

La journée se termine avec un dessin animé bien mérité.
(Ici on est pas des « sans écrans », c’est comme ça. Je suis une vraie enfant de la télé. On aime ça, que voulez vous...)

J’envoie un dernier mail et 20h arrive.
J’entends du bruit dehors.
Ce sont eux!
Ce sont les applaudissements de 20h.
Des dizaines de voisins sont aux fenêtres, sur les balcons.
Ça applaudit, ça cri « bravo les soignants », ça tape sur des casseroles, ça chante même (bon des chants de supporters de foot ok, mais ça chante quand même).
On sort, j’entraîne mes petits.
J’explique, j’applaudis, bien fort.
J’ai les larmes aux yeux.
L’émotion est grande de vivre ce genre de moment. Une communion, à l’unisson.
J’espère que demain nous serons encore plus nombreux.
Plus de bruit peur eux et aussi pour nos cœurs qui se sentent moins seuls.


Ce soir on lit « Roule Galette » avant de coucher les enfants.
Un classique.
Mais je suis une maman conteuse qui « fait les voix », même celle du vieux du début qui, soit dit en passant aurait pu aller lui même balayer le grenier pour y trouver des grains de blé au lieu d’y envoyer la vieille, mais bon, ça, c’est un autre débat.
Et quand c’est au tour du vieux de parler, mes enfants éclatent de rire, invariablement.
Je fixe pour toujours dans mes souvenirs ce morceau de leur enfance.
Nous deux assis par terre, nos enfants et la douce musique de leurs rires.


Commentaires

  1. très joli récit d'une belle journée malgré tout! merci pour ce partage, bonne journée pour aujourd'hui encore

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