Confinés mais ensemble - Chronique d’une période tourmentée #4

Jour 6

Jeudi 19 Mars

Il est 19h quand je m’assoie pour poser quelques mots ici, dans ce qui devient mon journal de bord, pour de vrai.
Pour écrire la date, je suis obligée de jeter un œil à mon tableau de petite fille sur lequel mon Piaf aimante la date tous les matin. j’ai l’impression de ne plus savoir quel jour nous sommes.
Ce n’est pas une impression en réalité.
Je perds le compte.


Notre journée a été rythmée par beaucoup de coups de téléphone.
Nos amis, ceux qui sont tout près tout près mais que l’on ne peut pas voir, ceux qui sont loin et qui nous manquent encore plus.
L’arrière grand mère de mes petits, heureuse de recevoir des photos, qui appelle pour dire qu’elle aussi elle nous aime.
Les messages des copines, de maman, de ma sœur...
Je perds le compte mais hors de question de perdre le contact.
C’est vital.

Ce matin, la session d’ « école » à la maison a duré en tout et pour tout...10 minutes.
C’était un jour sans, mais c’est déjà très bien.
La piste du jour de la maîtresse: proposer aux enfants, de remplir un bol avec le bon nombre d’objets selon le nombre que l’adulte énonce.
On prend.
On garde pour plus tard.
Je crois que je l’ai déjà dit, mais je lui suis vraiment reconnaissante de ne pas nous surcharger.
J’ai cru comprendre que ce n’était pas le cas dans toutes les familles, même pour des enfants de maternelle...

Les garçons sortent sur le balcon.
Le soleil brille, la mer est calme au loin.
Leur papa bricole un drôle de truc en accrochant leur carriole au petit quad électrique.
Le grand tracte le petit et ils sont aux anges.

C’est mon tour de travailler.
Je passe un appel qui dure, dure, dure, parce qu’il est en train de se produire une jolie rencontre.
Le projet fou que je porte n’en sera que plus beau.
On se raconte notre confinement, nous qui ne nous connaissons qu’à travers des posts sur les réseaux, on se dit que c’est finalement une période propice à des tas de choses positives.
On se dit notre chance.
On se rencontre et c’est joli.

A midi, on allume la télé pour se tenir informé.
On occupe les enfants autrement pour pouvoir écouter.
J’entends les chiffres, ma tête bourdonne.
Je me surprends à hocher la tête, comme pour acquiescer une réalité à laquelle je ne veux pas croire vraiment.
Ils montrent des images des gens qui applaudissent aux balcons.
Mes larmes roulent. Silencieuses.

On se remet au travail avec un 5 ans dans les jambes.
Il est raisonnable, mais on avance beaucoup moins bien.


A l’heure du goûter on peint des fleurs pour le grand étendage du 26 mars dont je vous ai parlé hier.
On s’y met à 8 mains, mais l’atelier tourne rapidement en...chaos total.
Martin marche dans la peinture, Marius refuse de participer autrement qu’en vidant les tubes de gouaches sur la palette,...


Un fiasco total mais on s’en sort avec 4 feuilles A4 a étendre.
On verra demain...
Peut être en faisant du collage et du découpage...



On les laisse jouer sur le balcon, on pousse un peu le son de la musique.
Secrètement j’espère que ca fera plaisir à quelques voisins.
Je regarde les fenêtres d’en face, les balcons, désespérément vides.
Je crois que j’ai besoin de contacts.
J’ai envie de faire signe au peu de têtes qui passent.
Je n’ose pas.
Je souris sans savoir si l’on me voit.

On chante et on danse.

Dans la playlist aujourd’hui :
Sara perche ti amo de Riccie & Poveri (à écouter très fort en balançant les bras)
Wouldn’t it be nice des Beach Boys 
Y a d’la joie de Charles Trenet

Je capture des oiseaux à l’appareil photo, enfin j’essaie...


Alors que j’étais en train d’entamer un vibrant « Aimer jusqu’à l’impossible » de Tina Arena (en imitant son accent évidemment), nous avons du cesser toute activité musicale et chantée pour cause de début de pugilat et de révolution entre frères.

Je les met au bain en espérant que ça les calme/occupe pendant quelques minutes...ce qui est très illusoire.

Demain j’ai envie d’installer les guirlandes de noël sur le balcon pour qu’à la nuit tombée elles égayent un peu la pénombre.
Peut être chasseront elles les angoisses tapies au creux de mon ventre.

Je vais préparer de quoi faire du bruit, il est bientôt 20h...




Commentaires

Les Jolies étiquettes

Articles les plus consultés