Confinés mais ensemble - Chronique d’une période tourmentée #7
Jour 9
Dimanche 22 Mars - Martin a 2 ans
20h08
Je viens d’aller applaudir sur le balcon.
Je rentre émue comme tous les soirs.
Il y a toujours autant de bruit et de plus en plus de lumières.
Les immeubles d’en face nous font signe, et on leur répond.
C’est beau ces lumières dans la nuit.
Les gestes des gens aussi.
Leurs gestes lents qui forment des arcs de lumières dans la nuit.
Ma dent cassée et ma tête me font mal.
Je suis exténuée.
Hier soir je me suis déraisonnablement couchée à 3h.
Je voulais terminer les pattes de Marcelin.
Je me suis levée très tôt aujourd’hui.
Je voulais préparer un bon petit déjeuner d’anniversaire.
Des gaufres « coeur » pour le gourmand en chef de la maison (les chiens ne faisant pas des chats, en terme de gourmandise, nous n’arrivons pas loin derrière!).
Et puis j’espérais terminer les cadeaux fait main dans la matinée.
Aujourd’hui le ciel est gris, le vent est frais.
Ça contraste avec les jours passés.
Et visiblement cette grisaille va durer quelques temps...
Je n’ai pas assez de la matinée pour terminer le cadeau crocheté.
Je vais le plus vite possible.
Ma nuque commence à se tendre mais je ne relâche pas la cadence: assemblante, pantalon, pull over, bonnet...
10h46, je prends un instant pour me remémorer la première rencontre avec mon bébé de printemps.
Ses joues rebondies, nos nez qui se frottent, mes larmes de joie, la fierté de son papa.
Il est arrivé sans pertes ni fracas.
Pas comme prévu mais tranquillement, sans stress, avec la bonhomie qui le caractérise.
Là où l’arrivée de son grand frère m’avait littéralement mise KO, il est apparu comme une évidence. C’était simple, normal de le voir la dans mes bras.
Merci à son frère d’avoir ouvert la voie et de m’avoir rendue sure de moi.
Merci à lui d’être venu confirmer que je ne me trompais pas.
J’étais simplement à ma place entre ces deux là.
J’allais être leur maman, entièrement, complètement.
11h 30
Les garçons jouent plus ou moins sagement côté salon et leur papa nous prépare à déjeuner.
Saucisse purée.
Ma dent cassée ne me fait pas mal à proprement parler, mais je me rend compte qu’elle « griffe » en permanence le côté de ma langue. Ce qui commence à me faire souffrir vilainement.
Il va falloir que je trouve un dentiste pour réparer ça. Même si ça ne m’enchante pas...
Je ne vais pas tenir longtemps comme ça.
Je ne manque que la purée.
Croquer me fait trop mal.
Les garçons couchés, je reprends le rythme: je fais cuire le gâteau, je fouille dans les décorations,...
Ca ne sera pas comme je l’avais imaginé (une fête Buzz l’éclair à la base) mais je bricole une sweet table en me servant du petit bureau.
Une nappe, quelques boules de papiers, tous les jouets Toy Story de la maison, comme des invités.
Nous n’avons pas l’assemblée habituelle, qu’à celà ne tienne, nous aurons des convives un peu différents.
Je leur fabrique à chacun des chapeaux de fête.
Il ne reste plus que la voile à broder et à coudre et nous serons fin prêts.
La journée ressemble à un marathon bizarrement.
16h30
Tout est prêt pour le goûter.
Martin peut se réveiller.
17h
On tente de synchroniser tout le monde par écrans interposés pour souffler les bougies.
On y parvient , non sans mal.
D’abord les grands parents, ma sœur et les cousins.
Puis on recommence avec les copains-voisins qui, 1h avant, sont venus déposer sur le pas de notre porte un cadeau improvisé pour Martin.
Eux, les férus de chine et de vide greniers ont pioché dans leur collection pour gâter malgré les circonstances notre garçon.
Un maison Sylvanian, 4 personnages, une table et des chaises.
Il y a même une carte jolie fabriquée et une petite voiture pour Marius.
Je suis touchée en plein coeur.
Voilà les première larmes de la journée.
Sur les écrans, il y a les visages de ceux que l’on aime, mais aussi une banderole et un petit Léon qui tient un petit gâteau surmonté de deux bougies qui seront soufflées en même temps chez nous que chez lui.
Ils nous manquent tant.
Martin a deux ans, c’est le troisième jour du printemps.
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