Confinés mais ensemble - Chronique d’une période tourmentée #11

Jour 14

Vendredi 27 Mars

Le cauchemar de mes enfants qui tombent par dessus bord est revenu.

Il me terrifie, me donne des hauts le coeur.

Il faut que ma tête arrête de mouliner mais c’est sans succès.

7h30

On se lève tous les 4.

Les enfants sont un réveil formidable.

Mais on ne se plaint pas.

Ici, ils dorment bien la nuit.

C’est Marius qui vient se glisser dans notre lit et qui sonne l’heure de se lever.

Ce matin il avait encore mal au ventre.

Il avait faim cette fois.

La journée, se lance, comme celle d’hier et celle du jour d’avant encore.

Notre petite routine semble bien rodée.

Au programme de l’ « école à la maison » aujourd’hui: on décore la page de garde du cahier dans lequel on recueille les dessins et les activités.

Un joli arc en ciel et quelques lettres.

Mais surtout on pâtisse ensemble.

On a opté pour le gâteau « tigré ».

C’est pas la réussite de l’année visuellement parce qu’on à fait avec nos fond de placards et des petits moules (on a perdu le fond du plus grand, va savoir où il est passé...!)

En parallèle j’avais préparé une petite activité « écriture » pour que Marius s’approprie un peu la recette.

Il a écrit les noms des ingrédients en recopiant le modèle que je lui avais préparé.

Vous allez peut être vous dire que je m’emballe totalement, mais on s’est plutôt bien amusés tous les deux et c’est ca le plus important.

Il a eu le droit de goûter du Benco à la petite cuillère (le truc que je faisais petite et que je suis en secret bien contente de le voir faire) et de « curer » le plat une fois la préparation au four.

Comme on s’est régalé au goûter, je me suis dit que vous aimeriez connaître notre recette.

Pour un gâteau tigré (qui n’est rien d’autre qu’un marbré hein, qu’on se le dise), il vous faut:

4 œufs

300 gr de farine

250 gr de sucre de canne

50 ml d’huile de tournesol

1 sachet de levure

30 gr de cacao en poudre (on en avait plus alors on a mis une bonne rasade de Benco! Faut savoir s’adapter que voulez vous!)

1 sachet de sucre vanillé

En premier:

Mélangez les œufs, le sucre et l’huile.

Ensuite:

Incorporez la farine et la levure.

Puis:

Divisez la pâte obtenue en deux portions égales dans deux saladier.

Dans le premier saladier, incorporez le sucre vanillé.

Dans le second, le cacao!

Il est temps de verser tout ca dans un moule!

Nous avons opté pour la technique suivante:

Versez alternativement de cuillères à soupe de pâte vanille puis de pâte chocolat en partant du centre du moule et en les superposant à chaque fois. 

En gros vous alternez en faisant un « tas » au centre du moule et la pâte s’étale d’elle même.

Enfournez 30-35 minutes à 180° chaleur tournante et voilà!

On s’est amusés à lui faire un visage.

Bon, ca ressemble plus à un ours qu’a un tigre oui on sait, mais bon, tout le monde a participé pour nous fabriquer ce joli goûter.

Un souvenir de plus à garder bien au chaud.

On sort « s’ébrouer » sur le balcon.

Les garçons ne sont pas vraiment en demande de sortir.

Mais on commence à sentir l’urgence de la chose.

Leurs petits corps parlent pour eux.

Il suffit de les observer...

Marius saute littéralement partout.

Martin bouge lui aussi beaucoup, alors qu’il est d’ordinaire plutôt calme.

Aujourd’hui, en plus des jeux libres habituels, on leur prépare un petit parcours  avec ce qui nous tombe sous la main.

On pousse le son à fond (tant pis si on fait trop de bruit), on cours, on saute, on rampe, on ri ensemble.

Je me met a danser sous les yeux mi amusés mi étonnés de mon époux.

J’ai toujours aimé danser, depuis la toute petite enfance.

Je ne peux pas m’empêcher de bouger quand j’entends de la musique, depuis toujours, le pied, la tête...

Petite, avec ma soeur, on passait nos samedis soir à danser devant la télé (merci Jean Pierre Foucaut et Michel Druker), et le reste du temps devant le miroir de la chambre de maman, tourne disque à fond.

Mais je me rend compte que je ne danse plus beaucoup.

Et qu’au fond ça me manque!

Alors on danse, comme si personne ne nous voyait...

20h, je sors faire du bruit.
Je compte presque une vingtaine de lumières ce soir.
Comme des phares dans la nuit.

Elles ne viennent plus que de l’immeuble d’en face.
Je vois des lumières scintiller bin plus loin.
Qui font des signes.
Certains comme des arcs en ciel, d’autre comme des signaux en morse.

Je me demande qui sont ces gens, si je les croiserai quand tout ça sera terminé.
Si on se sourira dans la rue, comme détenteurs d’un même secret.
Ou si ca ne changera rien...
Qui sait...

Jour 15

Samedi 28 Mars

Le week end est là, le second déjà.

Oui déjà.

Aujourd’hui il me semble que le temps est passé à toute allure.

Déjà 15 jours sans sortir, ou très peu.

Étrangement, j’ai la sensation que le confinement a été annoncé il y a à peine quelques jour.

Même en appuyant sur pause, le temps ne ralentira donc pas...

Je le savais déjà, mais ça se confirme.

Ce matin, on cuisine en amoureux.

On tente de faire nos propres bagels en suivant scrupuleusement la méthode proposée dans le livre Bagels comme à New York qui trône depuis plus de 10 ans sur mes étagères et que je n’ai jamais utilisé.

Ce confinement aura eu, entre autre, le mérite de nous faire découvrir que faites soi même de bons bagels n’était pas si compliqué.

Parce que cette tentative est une véritable réussite! Ils ont le goût de la bas, sans exagérer.

Ils me font voyager dans mes souvenirs et c’est tellement bon.

J’espère bientot retrouver les USA.

Je nourris le rêve secret de partir sur les routes, là bas, en famille.

De traverser tout le continent en réalité.

Un jour peut être, oui on jour on partira...

En attendant, on se régale.

On tente de coucher les garçons après le repas.

On attend ces moments de calme avec impatience, je vous l’ai déjà avoué je crois.

Le plus petit sombre rapidement, quant au plus grand, il ne trouve pas le sommeil.

Je file m’allonger quelques minutes auprès de lui, pour qu’au moins il fasse un temps calme.

Je ne suis pas une fille à siestes.

Je ne m’endors pas...et lui non plus.

Je lui permets de nous rejoindre au salon.

Il jouera aux lego avec son papa jusqu’à l’heure du goûter.

Les voir jouer ensemble, une bien belle récompense que nous apporte cette satanée situation.

Habituellement, les week end sont plus chargés, ou bien on a envie de se reposer et on ne joue pas beaucoup.

Mais la, c’est le paradis.

On sent bien que l’une des choses les plus difficile à surmonter pour Marius c’est d’avoir son frère dans les pattes toute la journée, de ne pas pouvoir nous avoir rien que pour lui de temps en temps.

Alors on va s’adapter à ça aussi.

Même si nos moments sans enfants sont précieux, je pense que nous en sacrifieront certains pour qu’il puisse profiter de nous.

A l’heure du goûter, on s’appelle entre copines.

Je n’en parle pas souvent mais, grâce au réseaux sociaux, j’ai eu l’immense chance de croiser celles que je compte parmi mes amies proches désormais.

Et je me sens tellement chanceuse et reconnaissante de les avoir autour de moi.

Et là encore, le temps est passé à une vitesse folle.

1h30 de bavardages plus tard, il a fallut se résoudre à raccrocher.

20h arrive vite, il y a encore plus de lumières ce soir...

Ce soir j’ai l’impression de ne pas pouvoir respirer correctement.

Je sais que c’est la peur qui prend le dessus.

Je n’ai pas de fièvre, pas de symptômes.

Simplement peur.

Pas spécialement pour moi en réalité.

Mais plus pour les miens desquels je suis loin.

Parfois, la réalité, difficile, rude, me reviens en pleine figure.

Je me souviens que des gens perdent la vie dehors, que d’autres jouent la leur.

Je ne l’oublie jamais vraiment évidemment.

Mais, dans mon cocon, j’ai tendance à tenter d’éviter d’y penser sans arrêt...

Pour empêcher de laisser la terreur me gagner...

Mais mon papy, qui avait vécu deux guerre, une en tant qu’enfant, l’autre en tant que second maître radio dans un sous marin, me disait toujours « la peur n’exclue pas le danger ma petite fille, si tu as trop peur, tu seras paralysée si tu es confrontée au danger, mieux vaut être prêt pour pouvoir l’affronter. »