Confinés mais ensemble - Chronique d’une période tourmentée #15

Jour 23

Dimanche 5 avril

C’est dimanche, le troisième confiné, ou peut être le quatrième? 
Je ne sais plus...

La journée s’écoule une fois encore lentement, même très lentement.
Une de ces journées où, au moment de regarder l’heure on s’exclame « oh! Mais il n’est que 16h?! » et que l’on pense ensuite « il me reste plein de temps pour faire des tas de choses...! ».
Ca c’est ce que je pense moi hein, l’hyperactif incontrôlable.

Le commun des mortels se dit probablement « cool! Je vais pouvoir prendre mon temps! »

Un slow dimanche , agréable et tout doux.

J’ai eu le temps de vous proposer mes Broches Minuscules et aussi de préparer un goûter.
J’ai eu le temps de regarder des vidéos YouTube de familles qui partent sur les routes du monde avec mon amoureux alors que j’aurais clairement du faire du ménage et ranger un peu.
J’ai eu le temps de rêvasser aussi.


Et quand, le soir venu j’ai dit à celui qui partage ma vie « pétard la les sols c’est plus possible, j’aurais mieux fait de les faire pendant que les petits étaient au bain », il m’a répondu « laisse tomber c’est pas grave, à la place on a regardé nos photos... »
Et je me suis rappelée qu’il pouvait être comme ça lui aussi, dans le lâcher prise, dans le « focalisons nous sur le positif ». J’avais eu tendance à l’oublier ces derniers temps...
Ouais, il avait raison, à la place on avait regardé les photos de nos débuts, de Tess bébé, de notre appart dans un vieux mas provençal, de ma soeur qui mange des sandwich au pâté et qui était venue nous aider à re déménager, encore, parce qu’elle est là à chaque fois, des copains jolis, des soirées concert, de notre mariage, de moi qui rentre à la mairie le visage déformé par l’émotion.
Les photos de notre voyage de noces aussi, avec un petit habitant au creux de moi, à plein plus gros qu’une noix.
On a montré tout ça à nos petits, bien trop contents d’entendre des tas d’histoires sur papa et maman.


Les sols et la poussière attendrons donc, il a bien raison.
On va pas se mettre la rate au court bouillon!

Ce soir c’est soirée pizza (maison) et dessin animé programmé par TF1, on retrouve donc Gru et tuti cuanti, après le générique du film du dimanche soir.

J’espère, au fond de moi, que plus tard, quand ils l’entendrons dans une émission qui parlera nostalgiquement des années 2010-20, ils repenseront avec tendresse à nos soirées pizza-cinéma...

Jour 24

Lundi 6 Avril

Depuis deux jours maintenant, en fin de matinée, une tourterelle vient se poser sur la rambarde du balcon.

Elle reste là quelques seconde, je la reconnais, je sais que c’est elle parce qu’elle a comme une pommette rose juste en dessous de l’oeil.
Elle me plait.
Je lui mettrait bien des miettes à manger mais j’ai peur que les goélands n’élisent domicile sur la terrasse.
Je prends un papier et je griffonne son portrait.
Sibelle la tourterelle.

Ce matin, Marius est enclin à « travailler » ou plutôt à faire des activités, on enchaine les « cherche l’intrus », les chemins graphiques et les activités de Claude Ponti.
Il dessine même un monstre effroyabilieu, lui qui dit toujours qu’il ne sait faire que des gribouillage.
Ce manque de confiance en lui quand il s’agit de dessiner, ou plus largement de tenir un feutre ou un stylo me fait de la peine, alors on l’encourage, tous les jours.
Il est tellement fier quand il se laisse aller.


Après ça, je brode jusqu’à l’heure du déjeuner au lieu de préparer à manger.
A midi ce sera des pâtes et ce sera très bien comme ça.
On verra plus tard pour les recettes plus élaborées.



Le fondant à l’orange est quasiment terminé, on l’a mangé à deux en moins de 24h...
Mais c’est qu’il est bon mon fondant voyez?

D’ailleurs si vous voulez vous aussi vous régaler, voila la recette:


Fondant à l’orange des familles


Pour le gâteau:
115 gr de beurre 1/2 sel
115 gr de sucre
2 œufs
115 gr de farine
1 cuillère à café de levure
Zeste et jus d’une orange

Pour imbiber le gâteau:
Jus d’une grosse orange (ou 2 petites)
70gr de sucre glace

Préchauffez votre four à 180°C chaleur tournante.


Fouettez le beurre et le sucre jusqu’à obtenir un mélange homogène.
Incorporez les œufs.
Puis la farine et la levure.


Quand tout est bien mélangé, ajoutez le zeste et le jus de l’orange doucement pour l’incorporer totalement à la pâte.


Versez la pâte dans un moule à cake

Enfournez pour environ 30 minutes.
Quand la pointe du couteau ressort sèche, sortez votre gâteau du four.

Mélangez le jus de l’orange et le sucre glace.


Imbibez votre gâteau sorti du four avec la moitié du mélange.
Terminez de l’imbiber une fois que le gâteau est tiède.

Laissez totalement refroidir et dégustez.

(Conservez le gâteau à température ambiante et couvert, sous cloche par exemple, trop froid il deviendrait sec)

Vous me direz ce que vous en pensez?


Pendant la sieste, les adultes de la maison se mettent au travail.
J’aime bien ces instants là.
Même si on ne se parle presque pas, on s’installe à la table familiale.
Chacun dans ses projets, mais côte à côte.
Je l’entends mener ses réunions et ça me fait sourire parfois.
Il entend tantôt mon clavier tantôt mes ciseaux.

Les enfants se lève quand le soleil commence à décliner.
Il goûtent tranquillement (ça nous change) et s’en retourne à leurs jeux.


En fin d’après midi, mon téléphone sonne.
En décrochant je n’imaginais pas une seule seconde l’issue de cette conversation.
(Je fais une parenthèse tout de suite: il n’y a rien de dramatique dans ce qui va suivre et je suis bien consciente que, surtout dans le contexte actuel, tout ça puisse paraître futile et absurde, mais vous le savez, je vous raconte vrai alors...).
J’ai terminé cette conversation donc, au sol littéralement, KO technique.
Au détour de la discussion, j’apprends que là bicyclette de ma mamie, celle de sa mère avant elle aussi, est partie à la poubelle.
Cette bicyclette, je l’ai toujours connue.
Suspendue dans le garage de ma maison d’enfance.
J’ai fais des tours de jardin un nombre incalculable de fois avec.
Ma maman faisait les 400 coups avec ses frère avec.
Mes grands parents partaient en balade jeunes et amoureux avec.
Cette bicyclette, après le décès de ma grand mère, m’avait été donnée par mon grand père.
Il y a presque 9 ans.
Mon amoureux avait nettoyé la rouille, démonté la chaîne, et même la petite plaque sur laquelle est gravé le nom de mon arrière grand mère.
Nous l’avions fait repeindre, dans l’espoir de le rénover totalement un jour.
Il nous a suivi dans tous nos déménagements, sauf dans celui là, faute de place.
Il a été confié pour ne pas nous encombrer.
Mais voilà, je sais maintenant qu’il a été jeté.
Pas pour me faire du mal non, pas pour me blesser.
Jeté sans savoir à quel point ce « tas de ferraille » était précieux à mes yeux.
Je n’en veut pas à la personne qui a fait ça, je sais que c’est une malheureuse erreur.
J’ai le souffle coupé, je ne peux plus répondre.
Les sanglots montent, je ne peux retenir un gémissement sourd.
Je ne contrôle plus rien, mon corps me lâche.
Je suis au sol, tremblante.
Je sais bien au fond de moi que ce n’est qu’un objet, que pendant ce temps des gens sont malades, meurent, soignent, prennent des risque,...
Je le sais parfaitement.
Mais mon corps ne répond plus.
Mon mari, qui me connaît par coeur, sait ma douleur.
Il me fait m’allonger pour tenter d’éviter le malaise.
Mon tout petit est effrayé.
Je lui souri à travers mes larmes et mes tremblements incontrôlés.
Mon grand a tout compris, on ne la lui fait pas.
Il vient me donner un câlin.
La crise d’angoisse prend possession de mon corps.
Je ne maîtrise plus rien.
J’appelle ma soeur, ma maman, j’ai besoin de leurs voix.
Je sais, ce n’est qu’une bicyclette.
Je sais, ça n’a pas beaucoup d’importance.
Je sais, ça ne les ramènera pas.

Je pleure sur un vélo, c’est idiot.
Mon chagrin est immense.
J’ai la sensation que l’on m’enlève ceux que j’aimais tant une seconde fois.
Je pleure mes grands parents.
Je hurle dedans.

Dehors j’entends les applaudissements de 20h...
Mes larmes roulent toujours.
Je sors quand même, tremblante.
Mon voisin d’en face nous sourit.
Il me semble qu’il y a plus de monde ce soir, plus de bruit...

Je retourne à mon chagrin sans arriver à le dépasser.
Je sais, c’est idiot, je pleure sur un vélo...






Commentaires

  1. Eh ben moi je pleure en te lisant..parce que je comprends...gros bisous à toi ��

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  2. Mais ce n'est pas qu'un vélo ! C'est une montagne de souvenir ! (je comprends tellement, une histoire similaire m'est arrivée aussi 😞

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